Interview de Michel Maket
Date : du 12/07/2022 au 22/03/2023
Lieu : Paris
Michel Maket, a été élu Président de la CEDEA le 24 mars 2022, succédant à Armelle Baron. Il a accordé à Didier Largeault, vice-président de la CNES, une interview parue dans le Bulletin de ce syndicat en juin dernier afin de présenter la Confédération à ses lecteurs.
Vous trouverez ci dessous le texte de cet entretien:
D.L.
Nouvellement élu Président de la CEDEA, voulez-vous-en quelques mots présenter la Confédération, ses raisons d’être, la mission qu’elle se donne et les moyens qui sont les siens ?
M.M.
La Confédération Européenne des Experts d’Art, fondée en 1988, regroupe aujourd’hui quatre Chambres françaises (CEA, CNES, FNEPSA, SFEP) et une Chambre belge (CBEOA) ; elle est forte de cinq cents experts qui couvrent l’ensemble des orientations du monde de l’art et de son marché ; leurs compétences sont une garantie et une protection pour le collectionneur, le particulier et les professionnels auxquels ils s’adressent dans les diverses formes de leur activité d’expertise.
La Confédération se donne pour mission de représenter ces Chambres auprès des pouvoirs publics afin d’être l’interlocuteur privilégié qui défende et protège l’expertise et veille à l’harmonisation du système juridique qui encadre l’activité de l’expert.
A l’origine, les membres de la Confédération ne sont pas les experts, mais les associations qui regroupent les experts, et l’objectif était de s’unir pour avoir une représentation plus forte auprès des pouvoirs publics sans se substituer pour autant à chaque syndicat ou groupement professionnel.
La Confédération a pour mission d’unir les associations autour de caractéristiques essentielles à l’expertise dans le monde de l’art, et que chacune fait sienne ; ces valeurs communes sont la reconnaissance de la déontologie, l’obligation d’être couvert par une assurance en responsabilité professionnelle, la spécialisation dans un nombre limité de compétences artistiques et techniques, l’indépendance dans la pratique de l’expertise. Certaines compagnies d’experts n’ont pas intégré la Confédération parce qu’elles n’obligeaient pas leurs membres à être couverts par une assurance en responsabilité professionnelle.
Ces valeurs, selon la Confédération, forment le fondement qui donne sens à la mission de l’expert ; son rôle est expressément défini par la CEDEA comme devant authentifier, identifier et estimer un bien. Ces trois orientations de l’expert sont gravées dans les tablettes de la Confédération.
D.L.
Il est d’usage, en entrant dans une nouvelle fonction, de faire l’éloge de son prédécesseur ; que diriez-vous du bilan des actions entreprises par la CEDEA sous la direction d’Armelle Baron, Présidente de la Confédération de 2002 à 2008 et de 2018 à 2022 ?
M.M.
J’ai eu l’occasion ces dernières années de beaucoup travailler avec Armelle Baron et j’ai pu apprécier ses nombreuses qualités liées à la vie associative ; elle sait écouter, sait convaincre sans imposer ses idées ; elle est tenace, pugnace et fédératrice, forces complémentaires nécessaires dans ce genre d’organisation, car il faut savoir, autour d’un thème, au cours de débats, dégager les lignes directrices et dans, un esprit d’équilibre, savoir établir une synthèse.
Le bilan d’Armelle Baron est très positif lorsque l’on songe aux divers dossiers auxquels elle a dû se confronter en représentant la Confédération, le projet de certificats d’importation de biens culturels en Europe, l’augmentation du seuil des certificats d’exportation, la règlementation des Impressions en 3D, le dossier sur la restitution des objets africains, et d’autres parmi lesquels on doit citer la création des prix les « David de l’expertise » qui donnent une visibilité très nette et très augmentée de la Confédération auprès des professionnels de l’art.
D.L.
Depuis les colloques organisés par la CEDEA en 2006/08/11, en quoi la configuration de l’expertise et la place de l’expert ont évolué ? Sans doute faut-il mener une réflexion sur le rôle de l’expert dans le monde digital ?
M.M.
Si l’expertise a toujours existé, les conditions de son exercice ont été précisées dernièrement avec une forme de contrainte et d’exigence que l’on retrouve avec le décret Marcus, expert en tableaux anciens ; cette exigence d’authenticité formulée envers l’expert marque profondément l’évolution de l’expertise ; les différentes étapes vont vers une plus grande exigence de critères d’originalité, d’authenticité prononcée envers l’expert avec éventuellement l’assistance de techniciens scientifiques ; malgré tout, le prescripteur reste l’expert ; cette évolution récente voit aussi se profiler certains moyens d’échanges et de communications, mais l’expertise définitive ne se fait qu’avec l’objet.
Les différents intervenants du colloque intitulé « La beauté réparée », tenu en 2008 à Paris, ont montré que les critères qui établissent l’authenticité d’une œuvre varient selon les spécialités, par exemple dans les arts premiers ces critères ne sont pas les mêmes que pour la peinture moderne ou les bijoux et certaines altérations peuvent être supportables dans certains domaines et pas dans d’autres ; concernant un bien culturel moderne, on va être nettement plus exigeant sur l’état de sa conservation que sur une pièce antique. Mais par-delà ces différences de critères, l’expert et ses auxiliaires sont au centre de toute demande d’authenticité.
Quant au digital, en tant que professionnel, on est obligé de suivre les évolutions du monde qui nous entoure ; certes le digital rend possible la communication, mais on ne peut se prononcer de façon définitive sur une œuvre avec les informations que ce média nous donne ; le digital ne permet pas tout ! Il est primordial pour les échanges, la communication, mais les personnes qui consultent l’expert attendent qu’il se prononce sur une œuvre et non sur sa photo !
L’expert reste avant tout un praticien ; il va prendre l’objet, l’examiner et ce contact est vecteur d’informations qu’une photo ne peut transmettre ; sur photo, un régule ne transmet pas la chaleur du métal ! On voit déjà que des réajustements sans doute importants seront à venir concernant le digital et sa place dans l’expertise.
Si on parle de confiance entre collectionneur et expert ou entre maison de vente et expert, cette relation ne peut s’installer qu’au regard de la manière dont on travaille ; cette manière repose sur une déontologie certes, et dans cette déontologie le regard et le rôle accordés par l’expert au digital ont une place qui n’est pas moindre ! Le digital est un outil tout comme le laboratoire qui assiste l’expert dans sa recherche, et quel que soit le rapport du laboratoire, l’expertise ne pourra jamais faire l’économie du regard porté par l’expert sur le tableau.
Dans les ventes publiques, l’effet pervers du digital est non seulement qu’il désertifie les salles, mais encore qu’il ouvre le marché de l’art à la spéculation, car tous les acquéreurs ne sont pas connaisseurs. Il ne faudrait pas que cette ouverture créée par le digital dégoûte certains acquéreurs, car malheureusement les experts ne sont pas toujours présents au bout de la chaîne du numérique.
D.L.
Les membres des Chambres d’experts attendent de la CEDEA qu’elle intervienne auprès des pouvoirs publics afin de défendre et promouvoir leur démarche. Mais la Confédération a-t-elle, seule, les moyens de cette mission ? Ne doit-elle pas travailler aux côtés d’autres acteurs du marché de l’art, tels l’Observatoire du Marché de l’Art ou le Conseil National du Marché de l’Art ?
M.M.
Certes ! Il y a d’un côté la CEDEA qui vient en appui de représentation des experts auprès des pouvoirs publics et de l’autre côté les autres composants très divers de ce marché de l’art.
L’Observatoire du Marché de l’Art ne s’est pas réuni depuis 2017, car son président Gilles Andréani a été chargé d’autres missions ; la place de l’Observatoire auprès des pouvoirs publics est importante et son rôle très dynamique, car il fait se rencontrer des personnes différemment concernées par un même sujet. L’Observatoire réunit auprès des pouvoirs publics des professionnels venus d’horizons divers, tous concernés par un même thème, une même problématique ; et ces différences centrées sur un même intérêt donnent toute sa pertinence à la démarche de l’Observatoire ; il faut donc réactiver ces rencontres très productives d’intérêts et génératrices de progrès.
L’autre instance interprofessionnelle, le CNMA, fondé par des organes très représentatifs du monde de l’art, dont les Chambres d’experts, est toujours active ; on l’a vu à propos du dossier « ivoire », comme à propos de l’actualisation des seuils concernant les demandes de passeports pour les biens culturels ; le CNMA se reforme naturellement en fonction des dossiers portés par l’actualité. ...
D.L.
Pourtant les résultats négatifs obtenus dans le dossier « ivoire » par l’ensemble des acteurs concernés, ne met-il pas en évidence la puissance des lobbyistes tant à Paris qu’à Bruxelles et que d’une certaine façon, les dés sont pipés d’avance ?
M.M.
Les relations avec le monde politique ne sont-elles pas toujours un peu pipées d’avance ? À l’échelon national, il y a des intérêts politiques qui interviennent dans certains dossiers et cela s’accentue à l’échelon européen.
Là, on est vraiment dans une forme d’idéologie qui poursuit un but ; une pièce antique ou médiévale qui ne pourra être présentée ou commercialisée, est-ce que cela va sauver un seul éléphant aujourd’hui ? Les gens qui collectionnent des biens contenant de l’ivoire ne sont pas des chasseurs !
Le même type d’approche idéologique animait certains représentants dans le dossier Tracfin pensant que le marché de l’art était un vaste lieu de blanchiment d’argent. Les gens de l’Administration et de certaines ONG ont besoin d’exister ! C’est désespérant, mais il ne faut pas lâcher ! Il est vrai qu’avec l’Europe, on a un vrai sentiment d’impuissance, mais il ne faut pas baisser les bras.
D.L.
La table ronde organisée à Drouot sur ce sujet le 7 avril dernier montre que la décision de Bruxelles est une impasse pour les acteurs du marché de l’art. Si aucune sortie de cette impasse n’est rendue possible, comment ne pas considérer le soi-disant « processus de conciliation » qui a mené à cette règlementation comme la chronique de la mort annoncée du commerce de l’ivoire ancien ?
M.M.
Oui ! C’était joué d’avance avec de mauvais prétextes ! En 2016, la volonté politique de satisfaire certains groupes qui défendent la nature et l’environnement a été évidente lorsque les professionnels de l’art ont demandé si l’ivoire allait être retiré des musées alors que son utilisation commerciale allait être réduite ; acheter un billet pour visiter un musée où il y a de l’ivoire, c’est l’utiliser sur le plan commercial ; la deuxième mouture du texte prévoyait que pour ce qui était scientifique ou muséographique, l’ivoire serait présenté ; cela montre que dans le dogme, on ne réfléchit pas et on n’anticipe pas les conséquences que de telles décisions peuvent avoir pour les pouvoirs publics eux-mêmes !
D.L.
Si on ne veut pas tomber dans ce même type d’impasse, comment poursuivre l’action menée dans le dossier « uniformisation de la prescription de la responsabilité de l’expert » par Armelle Baron et le Professeur Duret-Robert ?
M.M.
Cette uniformisation ne devrait pas voir d’opposition de la part d’un groupe quelconque, contrairement au dossier « ivoire ». On a dans cette affaire d’uniformisation de la prescription, des lignes de prescription qui ne touchent pas que nos activités ; demander aux pouvoirs publics de modifier ces textes pour les simplifier en les uniformisant reste complexe, car cela touche tout une construction juridique et c’est cela qui est difficile à faire évoluer. Cette simplification dans un domaine dérangerait par ailleurs une autre construction juridique. Il y a une contradiction entre les schémas existants et cette simplification recherchée ; modifier ces lois aurait des impacts sur d’autres professions et ces changements, ces adaptations sont complexes à mettre au point.
L’intérêt d’une telle uniformisation est que cela soit plus clair pour le public, pour le consommateur. Les pouvoirs publics sont très sensibles à la protection des consommateurs ; la difficulté de notre côté est la surdité des pouvoirs publics, car il n’y a pas d’oreille qui désire nous entendre.
D.L.
Les commissaires-priseurs peuvent-ils être un auxiliaire pour nous aider dans cette demande d’uniformisation ? Si leur responsabilité est de cinq ans en vente publique, il n’en est peut-être pas de même dans les ventes qu’ils organisent de gré à gré ?
M.M.
J’ai posé la question, et je n’ai pas eu de réponse sur ce sujet ! Le droit se fait aussi à travers la jurisprudence ; on a une vraie absence de repères en ce domaine.
Il faut se rapprocher des pouvoirs publics, et dans ce sujet c’est le ministère de la Justice qui est notre interlocuteur ; il faut, avec le CNMA qui est en première ligne, prendre contact avec le Garde des Sceaux ; c’est un sujet complexe, car les jurisprudences ont tendance à se contredire et il nous faut trouver quelqu’un d’aussi compétent que François Duret- Robert pour aborder ces discussions, car les juristes du ministère vont nous renvoyer dans les cordes si on ne dispose pas d’argumentaires très techniques !
D.L.
L’expert, dans le fond, a pour mission d’authentifier et, dans la forme, de révéler le contenu de son travail ; quelques affaires ont dernièrement défrayé la chronique ; quelle crédibilité l’expert peut-il conserver par-delà ces circonstances, crédibilité d’autant plus fragile qu’aucun statut ne lui est reconnu ?
M.M.
Les plus belles reconnaissances pour un expert sont celles de ses pairs, celles des amateurs, des collectionneurs et des autres professionnels. L’expertise n’est pas une science exacte, sinon on la laisse aux mathématiques ! Selon moi, l’ensemble d’une profession ne peut être mal jugé pour des cas particuliers qui peuvent survenir.
La CEDEA ne dispose pas d’un arsenal disciplinaire, mais elle fait l’obligation aux associations qui en sont membres d’avoir un cadre disciplinaire homogène pour faire face à de telles situations ; certes, la CEDEA avait un code de déontologie, mais ce dispositif a été mis en place sous la présidence d’Armelle Baron à la demande des pouvoirs publics qui souhaitaient l’établissement d’un schéma disciplinaire général et un annuaire commun ; cet annuaire est publié sur le site internet de la CEDEA.
D.L.
Si chaque Chambre a un code de déontologie et si ces codes uniformisent leur appartenance commune à la CEDEA, n’est-il pas concevable ainsi de faire l’économie de toute demande de reconnaissance de l’expert par l’attribution d’un label ?
M.M.
De toute façon, on nous a fait comprendre qu’une reconnaissance officielle n’est pas possible par rapport à l’Europe; l’Europe rend impossible cette reconnaissance ; cela est lié à la libre prestation de services en Europe.
Demander à la Communauté de mettre en place un diplôme est illusoire ; on a vu ce qu’a donné l’agrément des experts par le Conseil des Ventes ; ils ont reconnu eux-mêmes en 2002 que c’était un échec puisqu’ils n’arrivaient pas à être sélectifs. La CEDEA, et en la matière c’est l’un de mes objectifs, doit accentuer la mise en lumière de ses valeurs propres, partagées par ses membres ; le fait d’appartenir à la Confédération qui a des valeurs qui n’existent pas ailleurs avec les mêmes qualités, c’est mieux que d’avoir une étiquette avec un bout de ruban ! Au sein de la Confédération, on est plus sur l’idée de communiquer sur ces valeurs et de se faire apprécier par le monde de l’art ; faire passer la notion de valeurs, c’est un travail de communication et c’est là où les colloques et les « David de l’expertise » sont pertinents et efficaces. Il faut réfléchir aux moyens de faire passer ce message dans le monde de l’art, car la CEDEA apporte une garantie, une sécurité, un niveau de compétences et de connaissances qui a un effet positif pour l’ensemble des composants du marché de l’art. Je préfère parler de la mise en lumière de ces valeurs que de l’établissement d’un label.
D.L.
Les différentes Chambres de la CEDEA ne devraient-elles pas mettre en place des formations sur la déontologie de l’expertise ; pensez-vous que la formation juridique des experts est suffisante au regard de la complexité des lois et des responsabilités qu’ils assument au cours de leurs travaux ?
M.M.
Le marché devient de plus en plus sensible sur le plan juridique ; je suis assez favorable à des formations, à des conférences prononcées par des juristes « de terrain » ; je suis un peu déçu par l’approche des juristes universitaires qui se réfèrent à la doctrine ; je préfère les juristes qui se réfèrent à la jurisprudence ; on ne lit peut-être pas assez l’ouvrage de F. Duret-Robert, Le Droit du Marché de l’Art.
Cerné par le droit, quelle que soit la forme de son activité, l’expert est tenu de connaître et de dominer les problèmes qu’il est susceptible de rencontrer. D’où la nécessité de se former en permanence ; la CEDEA peut réfléchir à cette idée de sensibiliser l’expert à cette formation juridique touchant son activité ; aujourd’hui, les réclamations peuvent venir de nombreuses occasions, un inventaire, une vente publique, un conseil, un partage, une communication par lettre ou mail et l’expert en ces occasions diverses doit pouvoir apprécier le sens de ses responsabilités. ...
D.L.
L’Institut Art et Droit a mené une réflexion sur une nécessaire réforme de la législation sur les fraudes, compte tenu de l’imperfection de la loi Bardoux. Existe-t-il un risque d’avoir une loi inadaptée si les juristes seuls s’emparent de ce projet de réforme, laissant les experts à l’écart de cette démarche ?
M.M.
Le projet de réforme, comme l’ont souligné les juristes de l’Institut Art et Droit, est repris par le Ministère de la Culture et le Garde des Sceaux ; je suis un peu rassuré de voir que ce ne sont pas les juristes « de la doctrine » qui vont s’occuper principalement de ce sujet ; mon point de vue est de nous rapprocher du CNMA et de voir quelles composantes sont intéressées par ce projet de réforme ; il faudra prendre contact avec les ministères concernés et faire ce qui a été réalisé pour la Charte « Impression 3D », l’impression numérique ; il est indispensable d’être présent dans le cadre de cette réforme et d’accompagner, en tant que professionnels de l’art, les juristes, car, d’eux-mêmes, ils ne nous laissent guère de place.
D.L.
Des rencontres ont eu lieu en fin 2021 entre des Chambres membres de la CEDEA et la CNE en vue de son retour dans la Confédération. Quels résultats en attendez-vous ?
M.M.
J’étais informé de cette rencontre qui était une démarche positive, d’autant plus que la CNE a fait partie de la Confédération. Mais, à l’évidence, on reste sur une démarche sans suite et la porte de la CEDEA reste évidemment ouverte à ceux qui souhaitent en franchir le pas ! D’autres associations d’experts peuvent rejoindre la CEDEA, car la Confédération a pour mission de représenter le plus grand nombre d’experts possible à condition qu’ils aient les qualités requises et partagent ces valeurs dont nous parlions en début d’entretien. La Confédération n’est pas une structure figée, elle construit son histoire avec le monde de l’art sans jamais pour autant se séparer de ses valeurs fondatrices.