INQUIETUDE POUR LE MARCHE DE L'ART EN FRANCE

Date : 15/06/2016

Lieu : Paris - Communiqué de Presse


Communiqué de Presse élaboré et diffusé par:

 

C E D E A

Confédération Européenne des Experts d'Art

 

INTERDIRE  LA  VENTE  DE  TOUS  LES  OBJETS  D'ART  EN  IVOIRE  EN  FRANCE ?

 

Le 11 mai dernier, une lettre ouverte des professionnels du marché de l'art fut adressée à Madame Ségolène Royal, Ministre de l'Environnement de l’énergie et de la mer, à la suite d'un projet de décret visant à interdire totalement le commerce de l'ivoire en France.

 

Depuis 1990, le commerce de l'ivoire en France est strictement encadré, il est limité aux objets travaillés d'avant 1947, considérés comme antiquités, et des morceaux bruts entrés dans l’Union Européenne avant 1990.

 

Des mesures significatives pour l’éradication du trafic avaient déjà été prises le 28 janvier 2015 par la ministre :

suspension immédiate de la délivrance des certificats d'exportation d'ivoire brut par la France

appel aux autres Etats Membres de l'Union Européenne pour interdire à leur tour les exportations d'ivoire brut

vigilance accrue pour les certificats de commercialisation sur le sol français

coopération renforcée entre les services du Ministère de l'Ecologie et les douanes, et relance du plan de coopération interministériel destiné à améliorer la synergie entre les services afin de rendre la lutte contre la fraude plus efficace, notamment aux frontières.

 

Le NOUVEAU projet d'interdire « tout commerce d'ivoire sur le territoire français sauf dérogation exceptionnelle » suscite une très grande inquiétude chez les professionnels du marché de l'art.

Dorénavant, sera-t-il interdit de vendre et d'acheter sur le territoire français une Vierge en ivoire du XVIème siècle, un meuble en marqueterie du XVIIème siècle comprenant des éléments en ivoire, des pistolets en ivoire du XVIIIème siècle, des miniatures, des objets chinois, des carnets de bal, des éventails ou encore des instruments de musique ?

 

En quoi l’interdiction du commerce d'objets d’art depuis l'Antiquité jusqu’au XIXème siècle va-t-il sauver les éléphants, dont l'ivoire est surtout recherché par le marché Extrême Oriental ?

 

Nous connaissons les conséquences d'une telle loi, déjà adoptée par les Etats-Unis, aboutissant à des comportements excessifs : les musées français ne prêtent plus d'objets comprenant de l'ivoire aux Etats-Unis de peur d'une destruction aveugle… Impossible aux musiciens européens d'emporter avec eux leurs instruments de musique pour un concert aux Etats-Unis ! Les Etats-Unis ont pris cette mesure, il y a trois ans, et cela n'a aucunement fait baisser le braconnage.

 

Il est donc instamment demandé  à Madame la Ministre d’engager une concertation avec les professionnels du marché de l’Art, car une interdiction de vendre et d’acheter en France des objets anciens en ivoire pénaliserait grandement le marché français et ne ferait que déplacer ce commerce dans les pays voisins qui n’adopteraient pas cette législation.

 

Des pièces d’une qualité exceptionnelle rejoignent encore aujourd’hui les collections des musées français. Le projet de loi sonnerait le glas de ce type d’acquisition.

 

Les collections privées françaises comptent de très nombreux chef-d’œuvre qui contiennent de l’ivoire. Sans aucun bénéfice pour la sauvegarde des éléphants qui est menée avec raison aujourd’hui, ce projet présente un réel danger de voir à terme partir notre patrimoine à l’étranger.

 

Et que dire aux collectionneurs français qui, durant toute leur vie, ont rassemblé des objets du Moyen Age ou orientaux,  sinon que leur collection ne vaut plus rien !

 

Parmi les dizaines de cas particuliers, citons celui des éventails :

L’ivoire constitue, en partie ou en totalité, de nombreux éventails des XVIe au XIXe siècle. L’interdiction du commerce de l’ivoire, conduirait à l’arrêt pur et simple de l’activité des experts spécialisés dans ce domaine, ainsi que les marchands et les restaurateurs pour ce type d’objets.  Ici en particulier, cette loi signerait l’arrêt brutal de l’enrichissement du patrimoine public, puisque les musées ne pourraient plus acquérir (ce qu’ils font très régulièrement) ces pièces d’une valeur historique inestimable.

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